
Le 18 juillet 1925, Adolf Hitler, alors presque inconnu, fait publier un texte rempli de haine et de revanche. « Mein Kampf » est très mal écrit, ne se vend d’abord que très timidement, mais va finir par inonder le monde des idées nauséabondes du Fürher. Après plus de 80 millions d’exemplaires écoulés que reste-t-il aujourd’hui de l’ouvrage fondateur du nazisme ?
Un texte écrit en prison
Le 11 novembre 1923, date de l’Armistice, Adolf Hitler est détenu à la prison de Landsberg, en Bavière. Avec quelques fidèles, il a fomenté un putsch. Ce fut un échec, et les comploteurs sont arrêtés, jugés et incarcérés. Le parti que Hitler a fondé, le NSDAP, n’a pas encore une carrure nationale. Hitler est encore inconnu de la plupart des Allemands, tout au mieux est-il une célébrité politique locale.Son temps en prison, Hitler va le passer à écrire. Des pages et des pages de programme politique. Il n’a jamais terminé l’école, et ne rédige pas très bien. Ses codétenus, Emil Maurice et Rodolph Hesse, doivent repasser derrière lui pour éliminer les figures de style douteuses, les longues digressions et les tournures de phrases indigestes. Hitler, qui devait passer cinq ans derrière les barreaux, ne fera que neuf mois. Libéré, il continue la rédaction de son manifeste à la campagne, et trouve un éditeur. Ce dernier lui fait changer de titre. A l’origine le manifeste devait s’appeler « Quatre ans et demi de lutte contre les mensonges, la stupidité et la couardise ». C’est beaucoup trop long. L’éditeur Max Amann propose « Mon Combat. Un règlement de comptes ». « Mon combat », Mein Kampf est né.
Un succès limité pour un livre belliqueux
Le 18 juillet 1925, le manifeste sort dans les librairies bavaroises. Ce n’est pas un succès de foule. Seuls les partisans et les plus convaincus achètent le livre. Malgré les relectures, le texte reste très mal écrit. La petite notoriété de Hitler ne lui permet pas de toucher les foules. Qui s’intéresse aux élucubrations d’un politicien bavarois de seconde zone ? D’autant plus que ce livre est présenté comme une autobiographie de l’homme, qui n’a pas encore réalisé grand-chose. »Ce n’est qu’un ouvrage ultranationaliste parmi d’autres à l’époque », indique l’historien Alain Colignon dans une interview à l’agence Belga.Le Mein Kampf publié en 1925 n’est en fait que la première partie du manifeste. Dedans, Hitler y parle de sa jeunesse, de sa participation à la Première Guerre mondiale, tantôt se portant en héros, tantôt se victimisant, victimisant l’Allemagne. Dans ce premier tome, c’est surtout la France, ennemi numéro un, qui en prend pour son grade. Hitler remet en cause la défaite allemande de 1918, l’Armistice et la signature du Traité de Versailles qui impose des réparations de guerre irréalistes à l’Allemagne. Pour lui, c’est tout cela qui a plongé le pays dans le marasme politique, économique et social dans lequel il se trouve.Il présente donc ses solutions : réarmement, pouvoir politique autoritaire, culte de sa personnalité, expansion des frontières. Tout y est, ou presque. Car il manque une grande partie, qui ne sera complètement dévoilée qu’en décembre 1926 avec un tome deux retraçant l’histoire du NSDAP. C’est là que l’antisémitisme et l’anti-bolchévisme d’Hitler s’expriment le plus.
Lire la suite ⬇️