
Quatre ans après la disparition de l’ancien président tchadien Hissein Habré, les débats sur son héritage demeurent intacts. Dans un témoignage publié ce 24 août, l’ancien ministre des Affaires étrangères et actuel sénateur, Abderaman Koulamallah, a livré des souvenirs personnels teintés d’admiration mais aussi de recul critique.
« Pour certains, il fut un monstre, pour d’autres, un patriote », écrit-il. Lui-même exilé pendant sept ans après la prise de pouvoir de Habré le 7 juin 1982, Koulamallah confie s’être opposé au régime, tout en soutenant sa lutte pour l’intégrité territoriale, notamment face à la Libye de Mouammar Kadhafi. Rallié en 1989, il deviendra secrétaire général du mouvement de jeunesse de l’UNIR, avant de côtoyer de plus près l’ancien chef d’État.
En 2010, lors d’un séjour à Dakar, il découvre « un homme d’une élégance rare, d’une intelligence supérieure et d’une vaste culture ». Il décrit un Habré généreux et courtois, loin du portrait de « dictateur impitoyable » souvent dressé par ses détracteurs.
Pour Koulamallah, l’histoire retiendra au moins le rôle majeur de Habré dans la récupération de la bande d’Aouzou, occupée par la Libye. « On peut ne pas l’aimer, mais on ne peut rester indifférent à l’homme », conclut-il.
Hissein Habré, qui dirigea le Tchad d’une main de fer entre 1982 et 1990, fut condamné en 2016 à la prison à perpétuité par les Chambres africaines extraordinaires de Dakar pour crimes contre l’humanité. Il est décédé en détention le 24 août 2021, emportant avec lui l’image contrastée d’un libérateur de l’Aouzou et d’un dirigeant accusé d’avoir gouverné sous la terreur de la redoutable DDS.
Raphaël Bassami