Par sa caméra, elle refuse le silence. Par sa voix, elle défie les tabous. Ache Ahmat Moustapha, réalisatrice tchadienne, signe avec « Harcèlement 2.0 : Résilience des Africaines connectées», un documentaire-choc de 75 minutes qui l’impose comme une figure incontournable de la lutte contre les violences faites aux femmes sur internet.
Elle-même victime de cyberharcèlement, Ache a choisi de transformer sa douleur en engagement. Son film donne la parole à celles que l’on entend rarement, des femmes africaines et de la diaspora, blessées mais debout, qui osent témoigner. À travers les voix puissantes de la slameuse congolaise Mariusca, de la réalisatrice sénégalaise Oumy Ndour ou encore de l’activiste tchadienne Épiphanie Dionrang, Harcèlement 2.0 dresse un constat implacable, le cyberharcèlement est une arme de destruction psychologique massive, souvent ignorée, minimisée, voire normalisée.
Mais le film ne s’arrête pas au constat. Il est aussi un appel à l’action, soutenu par des analyses d’experts comme l’ancien ministre malien de la Justice, Me Mamadou Ismaïla Konaté. Ache veut réveiller les consciences, pousser à la réforme, réclamer justice.Féministe assumée, progressiste infatigable, Ache Ahmat Moustapha incarne cette génération de femmes africaines qui n’attendent plus qu’on leur donne la parole , elles la prennent. Son courage et sa détermination inspirent bien au-delà du Tchad. Et son message est clair, « C’est fini, la peur et la honte doivent changer de camp. »
Raphaël Bassami
