
À N’Djamena, après la pandémie de COVID-19, une tendance inattendue est née, celle du port du cache-nez médical, initialement porté pour des raisons sanitaires, devenu aujourd’hui un accessoire de mode incontournable chez les filles, et dans une moindre mesure, quelques hommes. Si l’on pourrait imaginer que l’usage de ces masques s’est estompé avec la fin de la crise sanitaire, il n’en est rien. Le cache-nez, symbole de précaution pendant la pandémie, s’est mué en un véritable phénomène social.
Pour mieux comprendre ce phénomène, l’équipe de la rédaction de Gazelle Presse a interrogé quelques filles de N’Djamena, ainsi qu’un médecin généraliste, pour explorer les raisons derrière cette adoption persistante.
Fatimé Hassan, étudiante à la faculté de médecine de Gardolé de l’Université de N’Djamena, explique,« Au début, je portais le cache-nez par obligation pendant la pandémie, mais j’ai vite réalisé qu’il ajoutait une touche de style à ma tenue. Aujourd’hui, c’est devenu un accessoire que j’utilise tous les jours. Je choisis des couleurs et des motifs qui correspondent à mes vêtements, et j’aime l’idée qu’il protège aussi mon visage des regards curieux. C’est un peu comme un symbole d’intimité dans ma culture », dit-elle. Amina, sa camarade, donne aussi ses raisons sur le port du cache-nez, qui selon elle, va au-delà de la mode. « Je porte le cache-nez pour des raisons religieuses et culturelles. En tant que musulmane, il est important de se couvrir et de préserver une part de soi-même pour les autres. Cela a évolué depuis la pandémie, car je trouve qu’il complète bien ma tenue tout en maintenant un respect des traditions », explique-t-elle. Achta Haroun, cadre dans une organisation de la société, ajoute quant à elle que, « porter le cache-nez est devenu un moyen de s’exprimer sans parler. Je me sens plus en sécurité avec lui, même après la pandémie. C’est comme une habitude désormais. Il est devenu un reflet de ma personnalité et de ma façon d’appréhender la mode », a-t-elle laissé entendre.
Les jeunes filles ne sont pas les seules à adopter cette tendance. Ali Hamit, étudiant et passionné de mode, confirme que cette évolution s’inscrit dans une dynamique plus large à N’Djamena. « Même si le port du cache-nez a commencé pour des raisons sanitaires, de plus en plus de jeunes adoptent ce style. Certains les assortissent à leur tenue, les considèrent comme un accessoire de mode et les portent même de manière délibérée sans raison particulière de protection », dit-il.
Pour le Dr. Mahamat Ahmat Ahidjo, médecin généraliste, cette mode n’est pas uniquement esthétique.« Le port du cache-nez, même après la pandémie, présente des avantages. D’abord, il limite la propagation d’autres virus comme le rhume et la grippe, surtout pendant la période de fraîcheur où il y a assez de poussière ». Il estime que ce cache-nez, « offre une forme de protection contre la poussière et la pollution. Mais il est important de ne pas oublier que le cache-nez ne doit pas être vu uniquement comme un accessoire, il doit aussi être porté correctement pour assurer une protection optimale », a-t-il déclaré.
Ihlam Ousmane Moussa