La pénurie de gaz butane qui frappe de nouveau N’Djamena et plusieurs villes du pays suscite l’incompréhension des ménages. Les bouteilles deviennent introuvables, les files d’attente s’allongent devant les rares points de distribution encore approvisionnés, et les prix explosent sur le marché parallèle. Pourtant, alors que la situation pèse lourdement sur le quotidien des familles, un silence remarquable s’observe du côté des organisations de défense des consommateurs.
Cette réserve interroge. Habituellement promptes à dénoncer les abus et les ruptures d’approvisionnement, ces organisations se montrent cette fois muettes, laissant la population sans explication ni soutien. Cette absence de réaction alimente deux lectures : soit une forme de complicité tacite, soit une crainte réelle de s’exprimer dans un contexte politique tendu.
Pour certains observateurs, ce silence prolongé traduit un malaise profond. Prendre la parole sur un sujet touchant aux secteurs stratégiques reste perçu comme risqué. D’autres estiment que certaines associations ont perdu leur indépendance au fil des années, affaiblies par un manque de moyens, d’autonomie ou par des pressions indirectes.
Sur le terrain, ce sont les consommateurs qui en paient pleinement le prix. Le gaz, pourtant essentiel à la cuisine quotidienne, est devenu un produit rare. Beaucoup se tournent vers le charbon ou le bois, avec des conséquences économiques et environnementales non négligeables.
Kissia Dani, stagiaire
